L’Olympe

Sur un fond bleu ciel, Dufy a aligné en grisaille neuf dieux de l’Olympe. Il s’inspire du fronton du Parthénon, temple dédié à Athéna, sculpté par Phidias, construit par Périclès dit «  l’Olympien ». Dufy est un artiste savant et qui ne cache pas son admiration pour l’art classique, qu’il s’agisse de la statuaire antique ou de l’art classique français comme Poussin et Le Lorrain.

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De gauche à droite, on reconnaît Dionysos assis tenant une coupe et son thyrse, couronné d’une couronne de feuille de vigne, Apollon et sa lyre, Athéna casquée tenant sa lance au pied de laquelle est posé son bouclier. Au milieu, Zeus trône au-dessus de l’éclair, tenant le sceptre de sa main gauche. Pour le représenter, Dufy a décidé de prendre pour modèle la copie de la sculpture de Jupiter Verospi du Vatican. A sa droite, Héra porte un diadème tandis qu’Aphrodite à moitié nue se tient debout. Pour Aphrodite, Dufy ne s’est pas inspiré du Parthénon mais d’une sculpture conservée au musée du Louvre, la Vénus  d’Arles. A l’extrémité, Arès fils de Zeus et d’Héra, casqué et armé, qui est aux côtés d’Aphrodite.

Plus bas à droite, Poséidon gonfle une voile qu’il tient entre ses deux mains, captant ainsi la force des vents. Dufy s’inspire du triomphe des eaux de la galerie d’Apollon à Versailles peint par Lebrun.

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A l’opposé, comme flottant dans l’éther, Hermès coiffé de son pétase, les chevilles ailées, tient le caducée d’une main et de l’autre la corne d’abondance née de l’électricité qu’il s’apprête à répandre sur le monde. Il semble que Dufy se soit inspiré d’un vase à figure rouge conservé au Louvre pour représenter le dieu. Hermès fait aussi le lien entre l’Olympe et  le monde terrestre. Une partie de son corps est en grisaille comme les autres dieux, tandis l’autre moitié transparente est cernée de blanc, à la manière des vases à figures noires.

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Un buste surgit à droite au milieu des nuées, des fumées et des étincelles. Selon les historiens de l’art, certains y ont vu le buste de Périclès qui n’a pas réellement raison d’être sur cette décoration, d’autres l’auraient identifié comme Lucrèce, l’auteur latin de De Natura rerum. En revoyant les dessins préparatoires, Dufy représente un sculpteur grec, reconnaissable par ses instruments et ce petit bonnet. Il s’agit sans doute de Phidias, l’auteur de ce fronton. Dufy a repris les dessins de Jacques Carrey réalisés en 1674 reconstituant le fronton du Parthénon, dont quelques figures sculptées sont encore visibles au British Museum, musée que l’artiste visite lors de ses séjours à Londres en 1930, 1932 et 1934.

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Les musées et l’art antique classique ont servi à l’artiste de modèle pour recréer l’Olympe. Il y montre un dessin sûr et léger, avec une certaine prouesse pour rendre le drapé antique comme les peintres classiques qu’il admire.

Dufy n’en a placé que neuf alors qu’il avait prévu une place à Héphaïstos, présent dans ses dessins préparatoires. De même, il a  simplifié la représentation des dieux leur enlevant des attributs comme l’aigle aux pieds de Zeus. Comme pour les savants, il fait un grand nombre de dessins nus, puis habillés.

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