Les champs de blé, les blés, l’épi de blé sont des motifs récurrents dans l’œuvre de Dufy, apparus très tôt vers 1910, notamment par la gravure puis plus tard dans ses réalisations textiles (La Moisson en 1919 pour la firme Bianchini Ferrier) et dans ses céramiques. C’est au début des années trente qu’il renoue avec ce thème agraire, notamment en se rendant à Langres entre 1933 et 1936 : il y associe son goût de grands aplats de couleur avec une multitude de signes dessinés : épis, chaume, meule pour « souligner la force du chaume et le poids de l’épi, suggérer les souffles du vent sur la moire du champ ». Dufy admirait les champs de blé hallucinés de Van Gogh. Les siens se veulent bucoliques et intemporels, évoquant la douce France.

Dufy Raoul (1877-1953). Paris, musée d’Art Moderne. AMVP 2092.
C’est l’occasion de montrer les gestes ancestraux des agriculteurs : faucheurs, batteurs avec leur fléau en action, gerbeur jusqu’à l’arrivée de la batteuse à vapeur qui permet le dépiquage mécanique et qui apporte à l’agriculture une productivité nouvelle, remplaçant la force animale et humaine par l’énergie issue de la vapeur. Ce thème réapparaît pendant et après la guerre. Dépiquage (ou La batteuse à vapeur) sera son dernier tableau retrouvé inachevé sur son chevalet à sa mort en 1953.

Dufy Raoul (1877-1953). 1953, Saint-Etienne, musée d’Art Moderne. AM4132P.