La météo

Dufy  a toujours peint les phénomènes météorologiques et ce, depuis sa période fauve : les nuages, la pluie, l’arc en ciel et le soleil qui évoquent sa Normandie natale où les changements climatiques sont constants. Ils deviennent alors des signes reconnaissables à travers ses œuvres : le nuage est une ellipse de boucles, tandis que la pluie des traits directionnels comme l’on trouve chez le japonais Hiroshige dans ses cent vues d’Edo.

(visuel)

L’arc-en-ciel, présent lui aussi dans ses œuvres antérieures, est  un phénomène optique qui rend visible le spectre de la lumière du soleil quand celle-ci rencontre la pluie : 5 à 7 couleurs apparaissent du rouge au violet. Nuages, soleil et pluie au-dessus de la mer qui ouvre l’horizon permet à ce petit arc-en-ciel de se déployer.

(visuel)

L’aurore boréale, autre manifestation « magique », liée à des éruptions solaires, apparaît au commencement de la peinture dans des couleurs jaunes roses, au-dessus de montagnes enneigées. Notons que Cavendish, l’un des savants de la frise, s‘est aussi intéressé à ce phénomène. 

(visuel)

L’orage qui engendre la foudre participe par son observation et son explication à la naissance de l’électricité. C’est un phénomène naturel que peint dès le début Dufy par ces zébrures blanches jaunes, bleus, sortant d’un nuage noir sur un ciel rose. D’autres éclairs sont au centre de la composition entre Zeus et la centrale électrique de Vitry-sur-Seine.

(visuel)

Le soleil joue un rôle particulier chez Dufy. Depuis le fauvisme, il renonce à transcrire la lumière naturelle. Il élimine le ton local pour donner un éclairage pictural des objets. L’ombre ainsi n’existe plus : « ainsi chaque chose prend sa couleur et son plan, non pas selon l’éclairage de la nature mais suivant l’ordonnance du tableau ». La question de la lumière rejoint celle de la couleur. 

(visuel)

Après son voyage en Sicile en 1926 et son expérience de la lumière crue, il s’intéresse de près au peintre Claude Gellée dit le Lorrain, «  son Dieu ».  Le spectre solaire vu de face embrase toutes les formes et les objets au lever comme au coucher, en répandant sa couleur et conférant à l’ensemble une dimension fantastique. Cette manière de transposer pour rendre la vue du soleil supportable a été parfaitement réalisée par le Lorrain et par Turner. Et c’est ce procédé qui est à l’œuvre dans la partie droite de la décoration, où le jaune et le vert envahissent la surface.

(visuel)

On peut lire  cette partie comme un poème à la création et à la science tel Lucrèce dans De Natura Rerum et qu’a lu avec assiduité Dufy avant de se lancer dans cette grande décoration :

« Au seuil de la science est assis ce principe :

Rien n’est sorti de rien. Rien n’est l’œuvre des dieux.

C’est à force de voir sur terre et dans les cieux 

Des faits dont la raison cherche en vain l’origine, 

Que nous plaçons en tout la volonté divine.

De là cette terreur qui nous accable. Eh bien !

Quand nous saurons que rien ne peut sortir de rien, 

Nous verrons s’éclairer notre route, et les choses, 

Sans miracle et sans dieux, nous révéler leurs causes. »

Haut de page