Goethe

La présence de l’homme de lettre et savant Goethe parmi les savants peut surprendre. Il est représenté à l’extrémité de la frise des savants, à côté de Stevenson et au-dessus d’Ampère.

(visuel)

Il contemple la centrale Arrighi de Vitry et la beauté des turbines, et tient à la main un rouleau déployé tel un quatrain de poème où est inscrit : 

 «  Je me tournai vers les artisans…

J’étudiai la mécanique et la chimie…

L’heure du beau est passée ; aujourd’hui la misère 

Et l’implacable nécessité réclament notre temps »

 

Ce texte est tiré de son journal au moment où il voyage en Italie et en particulier après  sa visite de l’arsenal de Venise en 1786. Dufy invoque Goethe pour un plaidoyer sur le progrès afin d’éradiquer « la misère et l’implacable nécessité ». C’est en somme une justification de la Fée électricité, un hymne  au progrès grâce à l’électricité.

Goethe est aussi célèbre pour son traité de la couleur, sans doute inconnu de Dufy mais dont il partage certaines intuitions (en France, le traité de Goethe n’a été traduit que très récemment).

Aquarelle originale de Goethe (1809), Musée Goethe de Frankfort

 

Les néo-impressionnistes, puis dans une certaine mesure les Fauves et cubistes orphiques, suivent le traité de la loi du contraste simultané des couleurs du chimiste Michel Eugène Chevreul, qui s’est en partie inspiré des théories issues de Goethe dès 1839 et qui fut aussi directeur de la manufacture des Gobelins. N’oublions pas que Dufy a travaillé 18 ans comme dessinateur pour textiles et a bénéficié des conseils du chimiste Zifferlin. Il oppose l’ombre et la lumière, le clair et le foncé, le jaune « tout proche de la lumière » et le bleu « tout proche de l’ombre », s’intéressant à la perception de la couleur plutôt qu’à son explication physique. Pour lui, l’intensification du jaune donne le rouge, tout comme l’intensification du bleu donne le rouge. Le vert naît du mélange du bleu et du jaune. Tout comme le violet naît du mélange du bleu et du rouge, et l’orange  du jaune et du rouge, etc. il peint un cercle chromatique où à gauche, le côté positif (pur) est formé des couleurs jaune et rouge. A droite, le côté négatif (obscur) formé des bleus et des pourpres. 

Si l’on regarde les aplats colorés de la Fée, on observe que Dufy a repris de manière assez nette le triangle chromatique de son traité des couleurs : le jaune, le rouge et le vert comme couleur complémentaire pour la partie droite et le bleu et le pourpre pour la partie gauche. Le faisceau lumineux jaune blanc captée par la Fée vient en quelque sorte chasser le bleu. On peut aussi y voir l’arc-en-ciel, Dufy en reprenant les différentes couleurs pour ses aplats.

(visuel)

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